Des choses qui ressortent le plus chez moi, c’est le noir et le blanc. Ma couleur préférée, c’est le noir. Par exemple j’ai un meuble, je l’avais peint en rayures noires et blanches. Mon tapis aussi il est noir et blanc, mais dans d’autres motifs. J’avais aussi un service à thé pour lequel j’avais craqué, en rayures noires et blanches. C’est bizarre, mais c’est les couleurs qui reviennent le plus. J’avais un vase aussi comme ça. Noir, et blanc. C’est des choses que j’ai acheté qui valaient pas très cher. Mais elles avaient énormément de valeur, dans la manière dont je les avaient agencées. J’ai une amie, elle savait que j’aimais bien les trucs artistiques, elle m’a offert un joli petit cadre, et un panneau en liège. Du coup, je l’ai pris, j’ai enlevé un peu ce qu’il y avait dessus, et j’a peint le panneau en noir. Ensuite j’y ai accroché le petit cadre, c’était sublime. Mais sinon j’ai plein de vêtements de couleurs, ça c’est pas un problème. J’aime beaucoup le rouge aussi, d’ailleurs je sais que si un jour j’ai une maison, les murs de mon couloir il seront rouge.
Ensuite j’ai ça, c’est une pastel, un crayon, en forme de bec de
canard. C’est mon neveu qui me l’a donné. Il est tellement généreux et
affectueux. Quand il sait qu’on va se quitter et qu’il commence à
ressentir le manque. C’est quelqu’un, même le peu qu’il a, il va te le
donner. En tant qu’adulte tu vois cette craie, c’est le genre de truc,
tu l’as, tu le jettes. Moi non, c’est une chose à laquelle mon neveu
tenait énormément. En me la donnant il m’a dit,
tiens ça c’est pour quand tu vas écrire, quand tu feras des
meetings
. Mais je l’utilise pas, je le garde comme ça intact.
Peu importe où je vais, j’ai toujours des rouleaux genre guirlandes, pour faire des cadeaux. Parce que je suis quelqu’un, j’aime beaucoup offrir des choses qui me viennent à l’esprit. Pas des choses forcément matérielles qui auraient une grande valeur financière, plutôt des choses auxquelles je vais réfléchir en me demandant si elles pourraient correspondre à la personne à qui je vais les offrir. Par exemple, à un anniversaire, j’ai un ami dont je sais qu’il a pas sa famille ici. La plupart sont en Afrique, et un peu à Paris. Et je sais que je suis rentrée dans ce cercle où je fais partie de sa famille. Je suis une intime donc, c’était important pour moi de graver cette histoire. Je me suis dit, on va aller s’amuser dans un parc d’attraction. Ensuite je récupère une photo souvenir qu’on aura fait sans qu’il le sache, les photos que les forain·es prennent pendant que t’es dans les jeux, pour lui offrir. Voilà, je suis toujours prête à faire un cadeau, j’ai toujours quelque chose pour faire un cadeau chez moi.
J’arrive pas vraiment à me créer un chez moi partout où je suis. C’est pas propre à ici, en fait, je sais qu’être dans ces lieux, c’est un peu comme un CDD, c’est des temps courts, même si ya des gens ça fait 10 ans qu’y sont ici. Ce qui me ferait me sentir le plus chez moi, ça serait la liberté de m’exprimer à travers tous les murs de ma location.
Je sais aussi que j’ai toujours voulu emmener mes chaises avec moi. En fait, c’est mes premiers meubles. En 2020, j’avais commencé un petit business, que j’avais pas mis sur pied, mais juste comme ça quoi.Je chinais ou je fabriquais des petites choses, et ensuite je revendais. La plupart des choses, c’était de très bonne qualité. Je prenais chez des particuliers, des personnes qui ont tendance à toujours changer de choses.Donc les choses que je récupérerais, j’ai commencé à les vendre. L’une des premières personnes à avoir acheté, c’était mon oncle. J’étais contente, je faisais quelque chose qui me plaisait. Par exemples ces chaises elles faisaient partie de l’ensemble du mobilier que je m’étais procuré. La seule chose que j’avais vendue qui me restait. De base je voulais les vendre, mais elles étaient tellement belles à mes yeux, que j’ai voulu les garder. Pour moi c’était aussi un souvenir de ce que j’avais commencé à faire. C’est pour ça que je les ai ramené ici.
Mon propre chez moi ce serait pour moi un sanctuaire ça veut dire qu’il n’y aura pas quelque chose qui pourra nuire à l’intérieur. Dans le sens, décorer, carreler mon sol, c’est pas ce qui sera le plus important. C’est ce que je vais faire à l’intérieur et ce que ma tranquillité va m’apporter.
En fait, j’apprécie énormément la solitude. Pourquoi ? Parce que c’est les seuls moments où je peux réfléchir sur certains actes, certaines choses que peut être j’ai fait y’a deux semaines et que sur le coup, j’ai pas réfléchis à pourquoi je les ai faites. Là j’vais me poser et me dire: Ah ouais la dernière fois j’ai fait ça ! Mais pourquoi j’ai fait ça ? Nananinanana. Et puis y’aura tout un dialogue qui va se faire avec moi même et je vais comprendre certaines choses que j’avais pas comprises. Sur des phénomènes de ma vie, ou sur des actions que j’ai faites dans la journée. Et ça me permet aussi d’être réaliste sur certaines choses. Et aussi, d’avoir un peu de discernement sur où je me suis laissé allé à ce moment là pourquoi je me suis laissé allé et comment y remédier. Y’a plein de choses qui se passent quand on est seul·e. J’apprécie aussi la compagnie, mais quand je suis en compagnie, on sera plus dans le divertissement, parler de tout et de rien. À un moment donné je comprenais pas pourquoi je devenais molle. Je suis quelqu’un, même si dans une journée, je fais rien fait de spécial, je ressortirai toujours riche à la fin de la journée. Je culpabiliserai pas d’avoir perdu mon temps. C’est un truc que j’ai remarqué, en tout cas quand je suis seule, que je déteste perdre mon temps. Parce que par exemple si je procrastine, à la fin de la journée, à la fin de la soirée, il y aura quelque chose qui me démange dans la poitrine, parce que ce temps là je pourrai pas le récupérer. Et je me dis mais comment je pourrais caser ça demain, alors que demain j’ai d’autres choses à faire. Donc après dans ma tête ça devenait le bordel. Et je me suis rendue compte que je devenais bordélique, pas parce que je suis bordélique, mais selon la manière dont j’organisais mon temps, et les choix de vie que je fais. Tout ça a eu un impact sur ma propre personne, et qui se reflétait à travers les choses qui se trouvaient chez moi. À travers des choix de vie, des restrictions que je m’étais faites, et que je devais pas où j’ai répondu positif, alors que je devais pas. Tout ça va s’accumuler, tellement qu’après je saurais pas gérer, je saurais pas rattraper le coup. Ça devient Bagdad dans ma tête. Ça devient Bagdad dans mon environnement. Pour arranger ça, qu’est ce que je faisais, je faisais en sorte, que tout soit bien carré. En me ré-appropriant les lieux, peut être que je pourrais me ré-approprier ce qui se passe dans ma vie.
De base, je suis quelqu’un de très carré. Y’a une éponge ici, si tu veux utiliser cette éponge, il faut que tu fasses en sorte que tu la repose ici, bien essorée comme je l’avais laissé. C’est un peu poussé mais c’est comme ça.
Ça c’est du beurre de karité, fait de manière artisanale, que j’ai toujours emmené. Ça fait partie des choses qui construisent ma petite vie. En fait pendant un moment, j’ai commercialisé des gammes pour cheveux et peau pour femmes noires ou femmes métisses. À la base, le beurre de karité, c’est un produit phare africain. C’est « the caviar » limite. Du coup je l’ai façonné à ma manière, je mélange avec certains produits, mais le but c’est qu’ils viennent que d’Afrique. J’en ai deux gammes, une enrichi de beurre de karité et une à base de beurre de karité. Celui-ci par exemple, c’est pour de l’exfoliation. Parce que en générale, on va trouver chez les peaux noires en europe des peaux à tendance sèchent. Je sais que quand je pars en vacances, que je rentre chez moi, ma peau et mes cheveux ont pas du tout le même état qu’ici. Pourtant je suis née ici. Ici, il y a plein de femmes noires qui ont des casses de cheveux à cause de l’eau remplie de calcaire. C’est là que j’ai eu l’idée de faire cette gamme.